Sans Famille

Lors de fêtes familiales, je me sens « sans famille ». En effet, ma soeur les célèbre entourée de son mari et de ses enfants, éventuellement de sa belle-famille. Mon papa est en compagnie de sa femme, ses enfants et éventuellement de sa belle-famille. Ma maman passe les fêtes avec sa maman et ses soeurs. Et moi ???

– Parlez-moi de l’enfance de vos parents, me demande alors la psy à qui je raconte mon histoire.

– […] Ma maman raconte régulièrement qu’elle a été élevée par une autre maman que la sienne et que c’est la seule à l’avoir « subit ». Ses soeurs sont restées à la maison.

– En fait, c’était la seule à se retrouver sans sa famille. Sans famille !

-…

Lorsque l’on souffre d’une dépression, ce n’est jamais l’instant T qui en est responsable même si l’on aime croire que c’est à cause de ce boulot sans intérêt ou du chef qu’on a sur le dos sans arrêt. Il y a des raisons physiologiques et des raisons psychologiques à rechercher dans l’enfance et surtout dans les bagages transmis pas nos ancêtres. Comme mon impression d’être « sans famille ». A la base, ces transmissions inconscientes le sont pour notre bien-être comme l’explique Anne Ancelin Schützenberger dans son livre Aïe, mes aïeux ! (Ed. Dessolée de Brouwer/La Méridienne, 1993). Malheureusement, la plupart du temps ces bagages se transforment en fardeaux ! Pour se soigner, il est utile de découvrir toutes ces petites choses qui ne nous appartiennent finalement pas. Mais ça c’est en plus de cette noirceur qui prend possession de notre cerveau et nous empêche toute réflexion. La grosse part de cette maladie est cette incapacité à bouger dans tous les sens du terme, sauf à s’enfoncer un peu plus dans le néant. « La dépressions se nourrit de sa propre nuisance. C’est un monstre qui s’autodévore » déclare Philippe Labro (Tomber sept fois, se relever huit, éd. Albin Michel, 2003, 236 pages). « La folie de la dépression est, en règle générale, l’antithèse de la violence. Certes c’est une tempête, mais une tempête des ténèbres. Bientôt se manifestent un ralentissement des réactions, une quasi-paralysie, une diminution de l’énergie psychique proche du point zéro. En dernier ressort, le corps est affecté et se sent miné, drainé de ses forces » écrit William Styron dans son livre qui traite de sa dépression Face aux ténèbres, chronique d’une folie paru aux éditions Folio, 1990 (128 pages).

Car si vous souhaitez mieux comprendre ce que vivent des personnes en pleine dépression je vous conseille vivement les deux livres cités ci-dessus ainsi que celui de Guy Birenbaum Vous m’avez manqué, histoire d’une dépression française, éd. Les Arènes, 2015, (402 pages). Et vous comprendrez que ces personnes avaient également hérité de bagages dont elles se seraient bien passé.

9 réponses sur « Sans Famille »

  1. Loin de moi l’idée de remuer le couteau dans la plaie mais pourquoi es-tu exclues du cercle de ta mère, ta grand-mère et tes tantes? Pour ton père et ta sœur je pige, mais pour ta mère je pige pas…

    1. Il n’y a pas de plaie à remuer et je ne suis pas exclue. Je peux m’inviter mais je ne suis jamais invitée. C’est une grande différence 😉

  2. Ah la la, une stupide histoire de classes sociales a ruiné la vie entière de ma mère et ses relations avec ses beaux-parents et encore aujourd’hui, alors que mes parents sont divorcés, ce problème ressort à des moments innattendus et sous des formes innattendues et continue de faire des ravages dans toute la famille, même dans les générations suivantes… c’est tragique!

    1. Selon une amie, « ces bagages » nous sont transmis pour nous protéger. Or les temps changent et de protection ils deviennent boulet. A nous de trouver pourquoi nous les avons reçus et comprendre qu’ils ne nous sont pas utiles. Alors les choses peuvent enfin évoluer. Bonne chance 😗

      1. Hmmmm… je ne suis pas certaine que j’appellerais cela une « aide ». C’est plutôt un mécanisme d’auto défense, une sorte de bouton de sécurité mentale qui serait ok pour une personne dans une circonstance précise, mais qui ne l’est pas pour transférer à ses enfants… car les peurs de l’un ne sont pas nécessairement les peurs de l’autre… et transférer tout ce bagage de génération en génération avec toute l’accumulation entre chacune… ça fait beaucoup là. En effet, en prendre conscience est déjà un grand pas maintenant, faut apprendre à s’ébrouer pour se débarrasser de tout ce bagage inutile 🙂

  3. Merci pour ces informations… je vais essayer de me procurer ces livres. En effet, nos parents… et je dirais même l’héritage familial… nous impacte beaucoup plus qu’on ne le pense sans que l’on ne s’en rende compte… insidieux… et je m’en aperçoit beaucoup de ces temps-çi. Des trucs, des idées qui passent, des peurs sans fondements, des émotions sorties de nulle part puis… soudainement on réalise que maman faisait ça, papa avait cette manie, cette « peur » est dans la famille depuis de générations, toutes les femmes de la famille ont ceci ou cela, etc… mais se départir de ces énergies qui s’accrochent à nous n’est pas évident par contre. Merci d’en avoir parlé… 🙂

    1. Non ce n’est pas évident de s’en débarrasser. Il faut trouver qui des ancêtres a créé « cette aide » pour mieux la comprendre et s’en défaire définitivement. Prendre conscience du bagage est déjà un grand pas !

    2. Ce sont les attentes parentales en fait. J’espère que mon enfant fera ci, j’espère qu’il ne fera surtout pas ça ! Cette transmission est généralement inconsciente.

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